L’épigénétique dans l’addiction à la nicotine

L’épigénétique

Il n’y pas de nicotine naturelle dans le corps. Les récepteurs de l’acétylcholine sont naturellement récepteurs de l’acétylcholine. Au contact de la nicotine ils deviennent récepteurs nicotiniques (de l’acétylcholine). La nicotine prend la place de l’acétylcholine. Cette adaptation est épigénétique. Les gènes modifient leur expression. L’adaptation est rapide. Quelques cigarettes suffisent. L’inverse est lent, des années sont nécessaires (et suffisantes quand on choisit cette piste), pour que la dépendance s’efface.

La génétique, ce sont les chromosomes, le programme qui assure la forme du blé, des pommiers, des mouches, des éléphants et des humains. Les chromosomes contiennent les informations nécessaires pour tout l’organisme. Seule une petite part des ces informations s’exprime pour faire un doigt, un nez, un poumon, un cœur. L’épigénétique, c’est cette sélection de l’information.

L’épigénétique adapte les informations nécessaires pour la vie biologique de maintenant. Adaptation aux nourritures, aux rythmes jour nuit, aux climats, aux pressions sociales… L’épigénétique porte une part d’héritage, les cultures, les coutumes sont notées sur les gènes. Cet héritage se porte sur deux générations. L’étude des chromosomes permet de voir ces marques et leur évolution (les méthylations). Les traumatismes laissent des marques sur les gènes.

L’épigénétique porte la part active de notre histoire et de notre présent. La part sur laquelle nous pouvons agir ! Fumer ou ne pas fumer, sélectionner les nourritures, les activités physiques, psychologiques, intellectuelles…

L’épigénétique porte la continuité et l’aptitude à changer. Nous héritons d’une histoire et nous avons les capacités d’en modifier le cours.

Les traumatismes des générations précédentes peuvent rester actifs et s’exprimer. C’est ce qui a été nommé inconscient. Les traumatismes sont très souvent présents à l’origine des addictions.

L’addiction au tabac est banale, c’est une raison supplémentaire d’en chercher la raison. La fumée brouille les pistes et embrouille les raisons. La sortie du tabac est une bonne occasion de regarder et prendre soin de soi, de décrypter l’addiction.

L’épigénétique de l’addiction à la nicotine

La tolérance de la fumée de la cigarette (la présence de la nicotine), se fait en modifiant la nature des récepteurs de l’acétylcholine. La dépendance au tabac installe de profondes transformations. Le sevrage du tabac, c’est l’exercice de la réversibilité de ces transformations.

La nicotine par sa ressemblance à l’acétylcholine parle au corps. Le langage de la nicotine doit être compris des émetteurs et des récepteurs à l’acétylcholine, l’épigénétique modifie l’anatomie des récepteurs et des émetteurs (à ce jour, c’est surtout les récepteurs qui ont été étudiés).

Les gènes concernés s’appellent « CYP2A6 et CYP2B6 » ou « CHRNA5, CHRNA3 et CHRNB4 ». Ils modifient la physiologie du système cholinergique.

Prédispositions

Pour s’adapter à la fumée du tabac, des prédispositions sont nécessaires. Nous ne sommes pas égaux sur le front des addictions. Comme nous ne sommes pas égaux pour escalader des montagnes ou vivre au pôle Nord. L’épigénétique transporte des informations à travers les générations. La fumée du tabac cache souvent une dépression latente. C’est parfois l’indication d’un médicament, c’est toujours l’occasion d’un questionnement et de remettre en place les modes de pensées et d’actions.

Pour devenir addict à la nicotine, il faut que les cellules soient capables de « digérer » la nicotine, de l’assimiler et de l’éliminer. Quand le sevrage est facile, qu’il n’y a pas de dépendance, la nicotine n’est pas assimilée, le système cholinergique reste indemne.

L’addiction n’a rien à voir avec la volonté. Il existe des prédispositions, ce sont des conditionnements. Regardés sous l’angle de l’épigénétique les conditionnements deviennent factuels, concrets. L’épigénétique est la part active et mobile de l’hérédité. Cette part est dans nos mains, nous la modelons à chaque moment, à chaque action. Au milieu des flux des besoins du moment, les choix sont possibles.