Cherchez !

L’addiction dit de quoi nous sommes faits !

Pour soigner l’addiction, il s’agit de savoir de quoi nous sommes fabriqués et comment nous sommes fabriqués. Cherchez de quoi vous êtes faits, démontez pièce par pièce, étage après étage, couche après couche ces fabrications. Cherchez, soyez curieux, faites confiance, la nature vous a fabriqué, vous ne pouvez pas la perdre, elle ne vous perdra pas.

Quand on arrive sur terre, nous arrivons dans une société pleine de codes. Nous arrivons sur terre avec d’immenses capacités, d’immenses énergies. Une grande part de la vie est sociale, nous devons rentrer dans ces codes, faire avec ces langages. Les relations entre les règles de la nature, les capacités, les énergies et les codes sociaux remplissent tous les livres de loi, tous les manuels d’éducation, de nombreuses philosophies.

Les objectifs des règles et des codes sont de gérer les capacités et les énergies, de donner des lignes directrices, celles qui forment la société. L’accumulation des règles et des codes s’éloigne des réalités, des sens et des équilibres de la nature. La société A pour se distinguer de la société B fabrique des codes inverses, des interprétations opposées des règles de la nature. Les règles et le codes, souvent, inversent les règles de la nature.

Les règles et les codes sociaux sont profondément implantés dans l’histoire et déteignent sur les corps, dans les corps. Une partie des gènes (l’épigénétique) est marquée par les codes, les barrières, les entraves et parfois les punitions.

Quand nous disons « je », de qui parlons-nous ? Quelle est la part de la nature, quelle est la part de ce que l’on a appris ? Ce que nous vivons comme notre « nature » est recouvert de combien de couches de principes contradictoires ? « Ne vous fier qu’aux connaissances de premières mains ! » disait Jean Klein dans son enseignement.

Les addictions sont des dérivations, des substituts, des tentatives pour s’échapper des codes et des règles sociales. Les produits dilatent, les produits fabriquent des trampolines, des kaléidoscopes, des belvédères et parfois des gouffres. Les addictions se gravent aussi dans les comportements, l’excès de manger, de boire, d’hygiène, de rites, de tunnels et de cavernes.

Les principes et les morales sont des costumes nécessaires, autant que le langage commun, le travail commun, les modalités de la nourriture ou de l’hygiène. Le costume est nécessaire. A l’inverse, l’attachement aux couches de principes et de morales est une forme d’addictions et d’artefacts. Les principes contraignent le corps. La morale parfois l’étouffe.

Chaque jour est une occasion de rencontrer la liberté et les contraintes. Chaque jour offre un possible conflit, reflet de notre contradiction, de l’asymétrie de nos codes. Chaque jour produit une autre émotion, une nouvelle faille et une nouvelle bosse. La recherche, la curiosité, le démontage des codes, conduisent à l’émerveillement.

Chaque jour, chaque minute, chaque matin surtout, observez les matières et les énergies dont nous sommes faits. Tous les matins, revenons à avant. Avant de marcher. Avant de parler. Avant de juger. L’addiction est faite de mémoire. La mémoire ne peut changer la mémoire.

Démonter, remonter, exposer, positionner, ce matériel. Patiemment. Obstinément. Chaque jour la lumière est nouvelle. Chaque instant l’espace est nouveau. Chaque seconde la forme de la matière est nouvelle, belle et tranquille.