D’après l’évangile de Thomas.
Mois sobre ou moi sobre ?
Mois sobre et moi sobre !
Moi sans alcool
Moi sans fumées
Moi sans produit
Moi sans addiction ?
« Moi » a faim, « Moi » a soif,
« Moi » est content, « Moi » est triste,
« Moi » est plein, « Moi » est vide,
Qui est « Moi » ?
Où est « Moi » ?
Moi est matière
Moi est énergie
Moi est perçu
Moi est agi
Moi est vie
Objectif, décrypter « moi » !
Décrypter, décoder et sortir de la crypte* !
(*ou de la caverne, ou de l’addiction)
« Moi » se prend pour « Je » et « Moi » n’est pas « Je » !
A chaque instant, la conscience repose sur un milliard de réactions biologiques, certaines hétérogène, d’autres concertées, liées.
Moi est un mille feuilles.
Mille et Un évènements d’une journée, d’une nuit ou d’un instant.
Mille et Un rêves, micro et macro-évènements du présent.
Méditer, méditer, dans le sens d’observer globalement, d’être attentif et ouvert.
Cette méditation n’est pas une réflexion, ce n’est pas une pensée, c’est une écoute !
L’intérêt des méditations est de distinguer peu à peu ces Mille et Une couches qui font ce qui apparaît.
Ce qui apparaît, le film sur l’écran de notre histoire, les acteurs, les scénarios et les décors naturels.
Nous nous réveillons à « moi » le matin.
Nous devons négocier avec « moi ».
Moi sans produit
« Moi sans produit » a deux portes devant lui, derrière ces portes de vastes univers, des univers larges, des univers étroits.
« Moi sans produit » a deux choix, l’un est d’investiguer l’absence de produit, l’autre est de programmer le prochain produit.
« Moi sans produit » est programmé pour chercher une cigarette s’il fume.
« Moi sans produit » calcule l’alcool qu’il pourra consommer si l’alcool est son illusion.
« Moi sans produit » réfléchit aux objets (ou personnes) de ses joies s’il est convaincu que sa joie est dans les objets, (ou les personnes).
« Moi sans produit » peut faire face à ses manques, à ses illusions, à ce qui l’éclaire.
« Moi sans produit » découvre des générations de manques, de compensations, d’exploitations, des pires illusions.
« Moi sans produit », s’il persiste, découvre sa tranquillité.
Moi est une part sociale
La société, des parents, des grands parents, des arrières-parents ont poussé, tiré, creusé et soudé pour anticiper l’hiver, anticiper le froid, la faim et la douleur. Ils ont aussi voyagé, découvert, exploité, massacré et souffert.
La société marchande vend de la farine ou du pain, des carottes, du lait, du sel et des pommes de terre.
La société marchande vend aussi de la joie, de la fumée, des applications, des capsules, de la pression, de la dépression, de la surpression, des jeux, avec des emballages brillants bruyants clinquants remplis de joies et de bonheurs.
La société marchande vend ce qui ne lui appartient pas : votre bonheur.
La société marchande, quelques-uns de vos frères, sœurs ou cousins, vous observe, vous étudie en détail, tous les matins, les midis, les soirs, les nuits, pour inventer une icône, un mirage intensif et propulsif vers votre bonheur.
L’artisanat et l’industrie, les distilleries, les beuveries, les fumoirs, les fermoirs, légales et illégales, ajustent productions, coûts, distributions et rêvent de clients accrochés et de bénéfices consistants. Astronomiques.
L’addiction commence quand un mirage devient indispensable. Quand on fait un effort pour se procurer de la joie, de la fumée, des applications, de la vitesse, des capsules, de la pression, de la dépression, de la surpression ou des jeux.
L’addiction commence quand un objet, un produit prend la place de la joie, de la pression, de la dépression ou de la surpression.
L’addiction continue quand l’addict connait son addiction, les risques et les dommages. Au moment où sa santé, sa finance, sa famille et ses amours passent après son produit.
Le produit, les produits lient et aliènent.
Moi est être
Quels sont les goûts de la sobriété, du vide et du plein ?
Quels sont les rythmes des vides et des pleins ?
Où sont les rythmes des jours, des nuits, du soleil et du printemps ?
L’eau et l’air n’ont pas de prix.
La joie est dans la circulation de l’air, de l’eau, de la terre et des rythmes.
Lune et soleil alternent, attirent.
Le corps participe aux marées, aux courants, aux vents, à la pluie et aux nuages.
Le corps est marée terrienne, aérienne et cosmique.
Féminin, Masculin, comme alternances de la faim et de la soif, de la création et de la récréation.
Moi est perception
Moi est goût,
Moi est parfum,
Moi est pressions,
Le corps est d’abord une perception.
Le corps est perception.
Les perceptions sont connaissances.
Connaissances du monde.
Connaissances de l’autre, des autres.
Connaissances des besoins, de la faim, de la soif, du froid, du chaud.
Connaissance des pressions et dépressions et surpressions.
Panel de perceptions
Unique !
Aucune perception n’est échangeable
Ni rattachable.
Chacun au centre d’un univers de perceptions uniques.
Moi est projection
Le corps est vaste, prolongé par des perceptions.
Les yeux sont prolongements de la lumière du soleil et des étoiles,
La lumière existe nulle-part-ailleurs.
Les oreilles sont prolongements de l’air et des espaces,
Les sons ont des couleurs, des pressions, des souffles,
Le son existe nulle-part-ailleurs.
La peau est prolongement des herbes et des feuilles et des fleurs,
La planète est une seule et même peau,
La peau est perception double-face,
Dedans, dehors, pas de colle ni de séparation.
Être existe nulle-part-ailleurs.
Moi est consensus
L’autre est puissance
Il donne naissance, nourriture, chaleur, consolation…
Presque toujours
Pas toujours toujours
Parfois pas assez ou pas bien ou mal
L’autre est danger
Parfois, le danger est danger.
Le consensus : l’autre est bonté, l’autre est danger, entre les deux, un petit million de possibilités et d’incertitudes.
Consensus haut, consensus bas, consensus intermédiaire :
Tous les matins l’aventure commence,
Les dangers et les bontés que l’on va rencontrer,
Les hauts et les bas de la journée,
Les bonheurs et les malheurs,
La nuit venue, moments du bilan et des digestions
Les journées et les émotions sont copieuses
Les compensés, les trop bus, les trop fumés, les trop consommés,
Les frustrés, les pas assez, les trop peu, les pas encore
Les pas à l’aise,
La nuit est consensus,
Repos, mise à plat, mise à l’heure,
Les douleurs, les échardes, les bonheurs, les parfums,
Les courbatures du dos ou des esprits,
Les chocs, les bleus, les hématomes, les égratignures ou les fractures,
Cicatrisation et reconstitution, la nuit guérit,
Retour à la formation primordiale, la nuit berce,
Bercement originel du fond de la mer qui pond les poissons, les sirènes, le gouttes de pluie qui font les sources.
Consensus pacifique et confiant,
Que faire de mieux qu’un souffle ?
Moi est axes
Le corps est fait d’axes,
Haut, bas, droite, gauche, est, ouest, nord, sud.
Inspiration, expiration,
Le temps est un axe, comme les aiguilles de l’horloge du clocher,
Inspirations et expirations ont des directions comme les flèches du temps,
Les flèches du printemps ou de l’automne,
Les arbres respirent une fois par an, l’inspiration printanière, rétention estivale, expiration automnale, pression hivernale.
L’océan respire deux fois par jour, marée montante, flux, marée descendante, reflux. Aspiration lunaire, expiration terrestre.
Des axes physiques, des objectifs, nourrir, abriter,
Des axes affectifs, naissances organiques sans fin.
L’affection est une ligne (il ne s’agit pas d’affectivité).
Les axes de moi sont ondulants, comme des vagues.
Ondulation d’une vie, ondulation d’une journée, haut du matin, bas du soir,
Ondulation d’une lune, d’une saison, d’un vent, d’une goutte de pluie et d’un rayon de soleil.
Moi ne meurt pas
Moi est continuité de générations, de voisins, d’amis et d’ennemis,
Moi, corps est recyclage,
Molécules d’ancêtres précieuses,
Rois, Reines, Dieux, pas d’ambition davantage, vivons vivants.
La mort ne meurt jamais,
Aucun souci à se faire pour elle.
Soigner la terre,
Soigner l’air et la lumière,
Soigner en goûtant,
Soigner en caressant,
Soigner en contemplant l’être le plus proche, ce que vous êtes,
Soigner Moi
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