Déroulez les gènes !
Les gènes et l’épigénétique
Les gènes contiennent des mémoires, les mémoires de toute la nature et les nôtres. Les gènes, à cet instant, sont entre vos doigts, dans vos perceptions, derrière vos pensées, derrière vos désirs. Les gènes contiennent l’expérience passée et les ingrédients de l’expérience futur. Les gènes sont les architectes du présent. Déroulez les gènes, consciemment, c’est rencontrer la conscience pleine.
Explorer nos cavernes pour mieux les connaitre et en sortir ! Nos compréhensions du monde évoluent. Les concepts évoluent avec les sciences. L’épigénétique, transmissibilité des conditionnements, trace génétique des conditionnements, est un moyen de matérialiser le fait psychique. Cette matérialité est un puissant levier d’échanges et de soins.
Il ne s’agit pas de réduire les dimensions de la psyché à quelques protéines et quelques réactions chimiques ! Au contraire, la biologie est la nature des écosystèmes, telle la forêt, nous décrivons la forêt pour mieux en connaitre les dangers et les fruits.
Les gènes et l’épigénétique
Les gènes contiennent une grande quantité d’informations, les informations pour faire un épis de blé, un éléphant, une puce…. L’épigénétique c’est la sélection des gènes qui s’expriment à un endroit et à un moment donné. L’ADN est constant, pour une même espèce, l’épigénétique est la part variable, modulable et transmissible. L’épigénétique est une science jeune, elle découvre le marquage des gènes. La méthylation de l’ADN et les replis des histones nuancent l’expression des gènes.
L’épigénétique a plusieurs versants, le premier connu est de réprimer une majorité des gènes pour favoriser l’expression des gènes nécessaires pour la fonction de la cellule dans un organe (peau, langue, glande salivaire, bulbe pileux… production d’œstrogène ou de testostérone…).
L’autre versant, qui nous intéresse ici, est l’adaptation aux événements et aux environnements. Les neurones sont concernés. L’apprentissage, les apprentissages profonds, l’apprentissage de maintenant, sont épigénétiques. Les conditionnements sont épigénétiques. Cette part de l’épigénétique nous identifie à une lignée comportementale.
Les gènes se déroulent en nous, dans la forme et dans le fond de notre corps. Nous héritons de formes et nous héritons d’actions. Nous naissons dans un corps, nous naissons dans des comportements, nous naissons dans des pensées.
Les gènes (définitions)
James Watson et Francis Crick nous ont montré l’image de la double hélice de l’ADN en 1953. Ils ont surtout décrypté le codage des informations par les gènes. On a ensuite décrypté la transmission des informations pour construire les protéines…
Cette double hélice ressemble à des rails, des lignes parallèles, des traverses régulières, sans fins. Sur ces rails, les gènes conditionnent la forme (humain, lapin, trèfle, ours…). Les gènes construisent ensuite des formes détaillées (un œil, un cœur, une langue, une fleur…). Les gènes assurent ensuite les fonctions des cellules, faire des larmes, de l’insuline, produire une énergie mécanique… des informations sans en grands nombres.
Cette image de l’ADN a été véhiculée comme certitude, avec quelques incidents, rares et regrettables, d’erreurs de transmissions ou de mutations. Le coquelicot produit des coquelicots, le platane produit les platanes, le renard produit des renard, l’humain produit l’humain.
Les gènes, dans le noyau de la cellule, forment un long ruban embobiné, appelé chromatine. La chimie et l’architecture de l’épigénétique sont importantes dans l’organisation de la chromatine, des régions du génome accessibles et celles cachées. Les chromosomes, sont seulement individualisés, dans leurs images connues, lors de la division des cellules.
L’avancée des techniques et des sciences change les points de vue, apporte des nuances. Sur les rails de la génétique, se posent des trains petits ou grands, rapides ou lents, habités de besoins et de créations, inhibés ou portés. A partir de ces rails s’installent des aiguillages et des chemins variés.
Ici, la double hélice devient échelle de corde, suspendue, ondulante, l’espace est vaste, selon les moments, nous montons ou descendons, selon les moments nous avons faim, soif, sommeil, réveil, heureux ou fâchés, cette échelle est à tous, cette échelle est exclusive.
Le deuxième aspect de la génétique danse. Cette génétique est épigénétique.
Épigénétique et psyché
L’épigénétique concerne particulièrement les neurones. On découvre des circuits préimprimés, l’adaptation des circuits, l’ajout d’extensions, les mémoires vives et cachées, les mises à jour possibles des logiques au quotidien.
Les humains sont chargés de particularités. Ils sont imprégnés en profondeurs de leurs particularités. Dès la naissance, le nouveau-né montre ses particularités. Très tôt, la question de l’identité se pose. « A qui ressemble cet enfant ? » Pour l’enfant, secrètement, « qui suis-je dans cet environnement ? ». Ce débat primaire se passe au niveau des besoins fondamentaux, biologiques.
Le corps s’apprend avant la naissance, lors de sa formation. Les mains se développent avec la croissance des neurones. Le toucher, le mouvement apparaissent dans le ventre maternel. Manger, sucer, avaler, s’apprend dans le ventre maternel.
Le souffle, les rythmes biologiques, se transmettent dans l’environnement biologique maternel. L’orientation, les rythmes s’initient à travers les mouvements et les rythmes maternel.
La naissance est le passage dans un autre monde. Passage d’un univers continu à l’univers discontinu. Séparation du mouvement constant des marrées du ventre maternel à l’immobile d’un berceau. Disparition du bain tiède, à lécher, à manger, nourriture toujours présente devant la bouche.
Unis et séparés
Le besoin de fusion est tellement intense !
Besoin biologique d’unité et de prolongation traduit dans les désirs.
Intensités exprimant l’amour, souvent confondues avec l’amour.
L’amour ne s’arrête pas quand l’intensité s’efface.
La naissance est ce moment, souvent excessivement prolongé, ou souvent revécu, du constat de la séparation, ou l’inverse du refus de la séparation.
Un fait de deux, « Moi » résultante de forces à la fois convergentes et divergentes.
Nous avons le choix entre la discordance des stratégies.
Existe-t-il des choix ?
Ou l’unité matérielle des constituants essentiels, des courants biologiques, des caractères de la nature.
Des systèmes de défenses
Le succès du développement de l’espèce humaine sur la planète doit être considéré sous l’angle de la construction de ses systèmes de défenses.
La faim, la soif, le froid, le chaud, mise en alerte des défenses biologiques.
La douleur, la peur, les alertes des défenses de l’intégrité corporelle.
Les affects, les attachements, les alertes de la cohésion du groupe.
Le développement des égos, le plus commun des systèmes de défenses du clan.
La carapace psychique, avec ses pressions de reconnaissance, les honneurs ou la honte.
Des traits fréquemment rencontrés parlent dans ce sens. Quand la nuit tombe, le besoin de rassurance est intense. Les humains ne sont pas très débrouillards la nuit, ils ne voient pas. La nuit est un temps de dangers. La nuit a très probablement coûté la vie à une partie de nos ancêtres. Évènements coûteux pour la collectivité. La société, ou diverses sociétés, que nous connaissons sont cimentées sur la peur. Les peurs du loup, réelles et souvent fantasmées.
Les défenses atteignent le corps, les muscles et les articulations, les organes, le souffle et la vigilance.
Paraitre, agir, transmettre,
Nous paraissons,
Les gènes forment notre architecture. L’architecture que nous habitons et que nous projetons. L’architecture affective, sentimentale, psychologiques. L’architecture personnelle (apparemment personnelle). L’architecture transmise, celle qui nous a posé là, celle qui a posé là les parents, et avant, les grands parents. Exposé
Les corps sont modelés par l’architecture de soutien et l’architecture encadrante.
Nous agissons,
Architecture dynamique de fonctions à entretenir, d’activité, de métiers, de responsabilités. Architecture de besoins primaires et de besoins surajoutés. Architecture du superflu indispensable
Les gènes portent les architectures collectives, les contraintes, les règles et les obligation. Architecture dominante ou consenties. Construites par quelques-uns. Entretenues par d’autres.
Nous transmettons,
Nous exprimons nos gènes et les gènes s’expriment à travers nous. Les gènes ne sont jamais immobiles. Les matériaux qui les constituent ne sont jamais immobiles, telle la goutte d’eau, H2O, capable de densité, de dissoudre, de s’évaporer, de s’associer, de se condenser, d’échanger.
Chronos, le temps,
Les gènes (l’épigénétique) enregistrent le temps. Il s’agit du temps de la rotation de notre planète, de l’exposition aux rayons du soleil, et l’inverse. Il s’agit du temps spatial, du temps du mouvement des planètes. Il s’agit du temps de la lune. Il s’agit du temps du temps des saisons.
Les temps sur la même planète varient entre les pôles, varient entre et les tropiques, fabriquent des nuances et des décalages. L’épigénétique adapte, s’adapte en quelques heures ou quelques jours. Pas toujours, la tolérance aux changements est variable, certains s’en amusent, d’autres les évitent.
Nos rythmes, notre temps subjectif, est un temps social. Temps spatial et temps social sont liés. La cloche du village, le chant du coq, le journal télévisé (le 20 heure !) disent l’heure.
Pour le vérifier, en 1962, Michel Siffre, géologue, descend dans une grotte, relié à la surface par une ligne téléphonique en sens unique. 58 jours passent à l’extérieur, 33 pour Michel Siffre. Les conditions sont difficiles, proche d’un glacier en mouvement, d’éboulements. Sa température interne passe à 34°. « Dans mon carnet de vie souterraine, j’écris dès le cinquième jour que l’heure n’a pour moi plus vraiment de sens. A la fin, le temps n’avait plus de valeur du tout. »
« Le cosmonaute russe (Youri Gagarine) a d’ailleurs affirmé : « Je lis Siffre très attentivement. Ce qu’il dit sur la perte de mémoire, je l’ai ressenti exactement ». De quoi parlait-il ? J’ai effectivement connu de gros problèmes de mémoire sous terre, même si je ne m’en suis pas vraiment rendu compte sur le coup. »
« Dans ce monde de néant, où il ne se passe rien, où il n’y a pas de mouvement, seule subsiste la pensée. Hors du temps, c’est le cerveau qui crée le temps. » (Extraits du journal ‘’Le Monde’’ Propos recueillis par Damien Dubuc, 05 mai 2017).
Cette relation entre le temps solaire, et probablement lunaire, et la mémoire récente interpelle sur la nature de la mémoire. La mémoire de maintenant, la mémoire de désirer, de faire, d’agir est donc conditionnée par le temps social, par les rites, autant que les aiguilles de la pendule sont conditionnées par le balancier.
Dans cette grotte « où il ne se passe rien » Michel Siffre explique que le glacier bouge, plusieurs fois il s’est trouvé en danger mortel. Michel Siffre s’est aventuré dans la vie minérale, celle de la planète qui fait pousser des arbres et des fruits, qui nous apporte les minéraux vitaux. Dans cet endroit, pour lui, il ne se passe rien d’humain.
Pour d’autres explorateurs, ce temps hors de rythmes sociaux est un temps de paix et d’extase. Nombre d’ermites font ce choix, aucun n’est masochiste. Relisez à l’occasion Alexandra David Neel, ‘’Le voyage d’une parisienne à Lhassa’’.
La « conscience du temps » est un sujet d’extase !
A l’inverse de l’agitation qui court après le temps… quel temps !
L’exploration de la méditation est une exploration hors des temps. Un isolement à dose homéopathique.
Chronologie,
Notre temps subjectif, embranchement du temps social, nous fait penser, ressentir, anticiper le temps. Temps d’une journée, d’une saison ou d’une vie vécus bref ou long, selon les moments. Temps projetés du café du matin au verre du soir, du vendredi soir, au dimanche soir, au lundi matin. Le jour ému de la rentrée…
Les sciences nous font apparaitre des années-lumière, les millions d’années qui nous séparent de la formation de la terre, du big-bang et de l’extinction du soleil. Des mesures irréalistes, non-sens au regard de nos quelques dizaine d’années d’expériences du temps et l’élasticité de la mémoire.
A propos des mémoires, une génération humaine est de l’ordre de 30 ans, on peut compter trois générations par siècle :
- Nos arrières-arrières-grands-parents (10 générations) ont pu rencontrer Louis XIV s’ils travaillaient à construire le château de Versailles. S’ils habitaient au fond d’une vallée des alpes, quelle était leurs vies ?
- Nos arrières-arrières-grands-parents (60 générations) auraient pu connaitre Jésus s’ils habitaient du coté de Jérusalem. Quels étaient leurs rites s’ils habitaient à Lhassa (au Tibet) ou à Massilia ?
- Nos arrières-arrières-grands-parents (75 générations) ont écouté Platon, s’ils vivaient à Athènes. Jules César (62 générations) a certainement entendu les concepts de Platon pour organiser un code civil fondateur de nos sociétés présentes. Il y a des mémoires gravées dans les marbres autant que dans les gènes.
Déroulez les gènes
Déroulez les gènes, c’est visiter la programmation des conditionnements. Les conditionnements de peurs, d’anticipations, d’inhibitions, de dévalorisations… C’est découvrir que ce que l’on croit « être soi » est en réalité une empreinte.
Vous n’habitez pas chez vous mais chez vos ancêtres !
En cas d’inconfort, vous pouvez réaménager.
Vous habitez chez vous, dans des cadres, dans une société passagère.
Il n’est pas question d’effacer ni d’éradiquer, il est question d’observer attentivement et de déplier, de dépoussiérer, de rendre à chacun ce qui lui appartient en le remerciant aussi. Il est aussi tout à fait concevable de faire le vide pour découvrir ce qui se passera ensuite.
Nous ne sommes pas architecte, c’est la nature qui fabrique l’architecture des gènes. Nous sommes spectateurs-acteurs.
L’admiration, la contemplation, comme des architectures à développer !
Contemplation et admiration à partager,
Déroulez les gènes.
L'épigénétique dans les soins
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